Guillaume Bousquet a enseigné 13 ans comme professeur de français dans le secondaire et mené parallèlement différentes missions : conseil pédagogique, formation pédagogique et rééducation individuelle des difficultés et troubles d’apprentissage. Au cours de ces années, il s’est spécialisé dans l’accompagnement des difficultés et stratégies d’apprentissage.
Tout le monde constate une baisse importante du niveau dans le domaine de l'écriture. Pour y faire face, en 2016 les inspecteurs de l'Education Nationale ont donné aux enseignants la consigne de multiplier les activités d'écriture en classe. Mais les difficultés demeurent et le problème n'est pas réglé. La copie par exemple est une activité très pratiquée en classe. Les élèves sont très souvent amenés à copier sur leur cahier ce qui est écrit au tableau, sur leur livre, ou la consigne d’un exercice. Et c’est vrai que ces énoncés recopiés contiennent des fautes, et parfois il manque des mots. Pour certains enfants cet exercice est même laborieux, notamment à cause de leur lenteur à copier : ils copient lettre par lettre, ou mot par mot.
Pourquoi constate-t-on tous ces écueils dans cette activité de copie ? Et pourquoi tant de fautes de syntaxe et d'orthographe dans les travaux d'écriture ?
On met souvent la faute de ces difficultés sur les écrans qui prennent beaucoup de place et sur l'écriture des sms. On accuse parfois aussi les parents de ne pas exposer suffisamment les enfants à l'objet-livre dès tout jeune, de ne plus lire régulièrement des histoires. Ce n’est pas faux, mais j’aimerais aller au cœur du problème. Car il y a un problème plus fondamental et ce problème s'appelle l'écriture mécanique. Bien souvent, l’enfant a mis très tôt en place une écriture mécanique. Il existe dans notre cerveau des circuits conscients et des circuits intuitifs. Les circuits intuitifs sont rapides, et mènent directement à l’action. Qui dit écriture intuitive dit absence d’attention au détail, absence de sens, absence de logique. L'écriture ne peut alors qu'être déstructurée et contenir beaucoup d'erreurs.
L’écriture s’est mécanisée parfois très tôt, elle ne s’est pas construite consciemment. L’enfant copie donc sans conscientiser ce qu’il copie, un peu comme un robot. Il en est de même pour la lecture. Le lien avec la société hyper numérique dans laquelle baignent nos enfants est évident : elle favorise cette intuitivité !
Il est urgent d'attirer l'attention des enseignants, des parents et même des professionnels de la Petite Enfance sur toutes les pratiques quotidiennes et pédagogiques qui favorisent les circuits intuitifs. Ces pratiques se font au détriment des apprentissages conscients et génèrent des difficultés d'apprentissages. S'il ne s'agit pas de diaboliser l'intuitivité, il est toutefois important d'en mesurer les enjeux et d'agir intelligemment.
Depuis plusieurs siècles, des générations entières ont appris à lire et à écrire sans difficulté...serions-nous devenus incapables de transmettre cette compétence ?
Guillaume Bousquet,
auteur pour le blog "éducation et protestantisme "
Allez consulter son site à l'adresse suivante : http://www.pedagovie.fr/
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